• Légendes et Chroniques de Mélorah : La Princesse des Huit Natures

    PROLOGUE : Présentations

    Depuis le début du règne de la Reine Grace et du Roi Tristan, les Terres de Mélorah connaissent une paix totale. Aujourd'hui, le Royaume compte deux héritiers. Laissez-moi vous les présenter...

    -Lisandre ! cria Grace, lève-toi tu veux ?!

    La petite princesse ne répondit pas, malgré sa mère qui tambourinait continuellement à sa porte.

    -Si tu ne viens pas, j'appelle Marco pour qu'il défonce la porte ! menaça la Reine.

    -Oui, oui d'accord, j'arrive ! répondit enfin Lisandre.

    Cette dernière ouvrit la porte. Ses longs cheveux roses pâle étaient en bataille et ses yeux, mi-bleu mi orange pour le droit, et brun pour le gauche (étrangement) fatigués. Lisandre avait une trouille bleue de Marco, devenu Chef de la Garde Royale et de l'Armée. Il était devenu une brute féroce de l'extérieur, capable de soulever des rochers, mais c'était un ange à l'intérieur ; Grace l'a toujours su. Ce n'est pas son meilleur ami pour rien !

    -Je me prépare..., grogna la petite adolescente de treize ans.

    -Et dépêche-toi !

    Lisandre referma brutalement la porte.


    -Terrence, je peux rentrer ? demanda Tristan.

    Le Prince accepta et le père entra dans la chambre de son fils. Celui-ci était affalé sur une chaise, son regard orange et brun perdu dans le vide. Il tourna la tête vers son père. Ce dernier prit la parole.

    -Tu es levé depuis longtemps ?

    -Quelques heures je crois, répondit le Prince, une once d'ennui dans la voix.

    -Le déjeuner est prêt. Je pense que ta mère a réveillée ta sœur, on l'entend crier dans tous les étages !

    Les deux hommes rirent puis sortirent de la pièce.

    Terrence avait trois ans de plus que sa sœur, il était l'aîné. Il était plus ou moins différent de sa cadette, qui elle était turbulente et rebelle mais douce et adorable. Lui était très rêveur, le trône ne l'intéressait pas plus que sa jeune apparentée. Les deux s'entendaient à merveille, inséparables comme on disait. Ils chassaient souvent ensemble ou exploraient avec leur petit groupe d'amis composé de Aude, une servante de la Cour de quinze ans ; Adrien, qui avait dix-sept ans déjà, tout comme Erysiane, la source d'envieux de tout le village tant elle était belle ; Roman, le fils de Marco et Catherine, le Médecin, avait le même âge que Terrence mais était loin de s'entendre avec lui. Les deux garçons se bagarraient sans cesse pour tout et n'importe quoi. Pour Lisandre, c'était une autre histoire. Elle avait déjà réussi à parler calmement avec Roman, et même à rire avec lui, sans que son frère le sache. La Princesse avait appris que ce garçon blond n'était pas qu'un sauvage plein de haine, mais une âme intelligente, impatiente et avide de savoir. Au bout d'un certain temps, les deux adolescents étaient finalement devenue amis dans le secret.

    La Cour entière était réunie à la grande table dans la Salle du Trône pour le petit-déjeuner. Un véritable festin se dressait tout le long de la planche de bois et personne ne se retenait. Aude et Valérica, la chanteuse de la Cour, faisaient le tour de la table, Aude en rapportant des plats, Valérica en entamant un air joyeux au violon. Toute la Cour riait et chantait sous le plafond de verre laissant passer les splendides rayons du soleil. Personne ne manquait à l'appel. Basil, le Mage et Savant de la Cour, ainsi que le frère de Tristan, faisait tomber de la neige sur sa nièce pour la taquiner ; Catherine discutait gaiement avec Grace ; Marco riait avec l'un de ses soldats haut gradé et Wendy, la fiancée de Terrence faisait connaissance avec Tristan. Wendy et Terrence s'étaient rencontrés dans la forêt, la jeune fille, de Nature Nymphe trahie par ses yeux vairons (bleu et violet), vivait dans une petite grotte en compagnie d'autres Fées. Elle ne pouvait pas quitter la Forêt dont elle était la gardienne mais pouvait bien rendre visite à sa future belle famille de temps en temps. C'était une Nymphe aux longs cheveux roux bouclés et à la beauté surpassant celle d'Erysiane.

    Qui aurait cru qu'un évènement d'une telle importance viendrait gâcher, peut-être à tout jamais, le bonheur régnant dans la belle ville de Walandriah.. ?

    CHAPITRE 1 : La douleur parle

    L'après-midi venue, Lisandre se rendit dans le village. Elle n'y allait pas vraiment souvent, en particulier à cause des villageois. Car bien qu'elle soit la Princesse, cette petite était persécutée, et la cause, ce sont ses yeux. Ses yeux si étranges, de trois couleurs différentes, faisaient frémir toutes les personnes les voyant. D'après les habitants du village, c'était anormal, bizarre, ... monstrueux. Lisandre était très complexée par ce détail, que pourtant un certain nombre de personnes trouvait sublime. Pour quelques uns, c'était un signe du Diable ; pour d'autres, il s'agissait d'un signe de chance ou d'un don de Dieu. Le dégradé de l'oeil bleu et crépusculaire de Lisandre était tout simplement magnifique. Cet orange soleil couchant était le même que celui de son père.
    Lisandre traversa le village tout en évitant les regards malveillants ou même dégoûtés des paysans. Le Festival des Etoiles approchait, Lisandre et son frère avaient des tas de choses à préparer pour cet évènement. Ce Festival annuel tombait durant la Semaine Enchantée où, pendant une semaine, les étoiles filantes, les constellations et les planètes sont visibles. Le ciel est également plus beau que pendant le reste de l'année. C'est une période que tout le monde, y compris les enfants, attend avec impatience chaque an. Lisandre, amatrice de décoration, fouillait tous les étals du village pour trouver les plus beaux matériaux, les plus beaux objets et les décorations les plus pertinentes. Aude, grande couturière, lui avait également demandé de lui prendre des tissus couleur de la nuit. Tâche difficile quand tout le monde vous regarde de travers, vous insulte ou vous pousse. Les adultes ne se le permettaient pas mais les adolescents prenaient l'affreuse liberté de pousser Lisandre, parfois de la frapper. Ce jour-là, deux garçons lui firent un croche-pied, ses achats s'écrasant au sol. Lisandre ne regarda pas les adolescents partir en ricanant bêtement et accourut vers ses articles. Celle-ci fut dépitée en voyant que la majorité des bocaux de verre qu'elle avait achetée s'étaient brisés. Elle les serra contre elle, se forçant à ne pas faire couler ses larmes. Elle finit par se relever sous l'oeil amusé et moqueur des villageois puis ramassa ses objets malgré tout. Agacée, elle se retourna en courant, retournant vers le château. Mais elle n'y entra pas. Elle se rendit vers le mur extérieur droit où était posée une immense échelle qui menait au toit. Lisandre adorait y aller, comme beaucoup de monde. Elle grimpa à l'échelle, ses cheveux roses lui barrant la figure à cause du vent qui prenait en puissance. Une fois à son point d'arrivée, Lisandre dominait tout Walandriah et bien plus. Chaque hectare, chaque plaine, chaque montagne. Quelques pétales de cerisier volèrent autour d'elle tandis qu'elle respirait la liberté, la solitude et la douleur. Quand sa respiration fut calmée et ses larmes coulées, elle se mit sur la pointe d'un pied et leva les bras lentement. Elle tourna sur elle-même, balança ses jambes et fit d'autres figures de danse. Elle avait appris la danse seule, contrairement au chant que lui a enseigné Valérica.

    -Lise ?

    Lisandre, à l'entente de son surnom, s'interrompit pour regarder son frère. Celui-ci avait bien compris ce qu'était venue faire sa soeur ici. Expulser sa colère, laisser parler sa douleur et se libérer de la haine des autres. Terrence s'approcha d'elle et Lisandre se jeta dans ses bras, éclatant en sanglots. Le Prince lui caressa doucement les cheveux, ce qui avait pour effet de l'apaiser. La petite Princesse se calma au bout d'un certain temps mais ne lâcha pas son frère. Ses bras étaient le seul endroit où elle se sentait en sécurité.

    CHAPITRE 2 : Le Fantôme de l'oubli

    Le frère et la soeur se hâtèrent de rentrer. Basil répara les pots de verre pour le plus grand bonheur de Lisandre. Son oncle faisait vraiment des merveilles avec sa magie.

    -C'est pour la chasse aux Astres ? demanda Basil.

    -Oui ! Et aussi pour les lucioles !

    La chasse aux Astres était tout simplement l'une des nombreuses activités que l'on pratiquait lors du Festival des Etoiles. Elle consistait à attendre le moment où de la poussière d'étoile tombait du ciel et à en récolter dans des bocaux de verre afin d'en faire des décorations où des lanternes.
    Lisandre reprit ces précieux objets raccommodés et se précipita dans sa chambre. Durant plusieurs heures, la petite travailla d'arrache-pied pour organiser le Festival. Car si ses parents s'en occupait en grande partie, Lisandre et Terrence aussi. Tous les habitants participaient. Activités, décorations, buffets, ...
    Vers la fin de la journée, Lisandre descendit jusqu'à la Salle du Trône où Aude l'interpella. Celle-ci tenait deux robes ; une bleue nuit et une blanche.

    -Laquelle m'irait le mieux d'après toi ?

    -La bleue ! répondit Lisandre sans hésiter, cette couleur te va beaucoup mieux que n'importe quelle autre !

    Aude sourit.

    -C'est noté ! Merci, Lisandre. Mais...

    Elle se mit à chuchoter.

    -Tu penses qu'Adrien aimera.. ?

    Aude était secrètement amoureuse d'Adrien. Cependant, elle n'était pas au courant que ce drôle et beau garçon était gay. Lisandre avait mal au coeur pour elle rien que d'y penser.

    -J'en suis certaine !

    Aude rit et salua la Princesse avant de partir. Mais alors que Lisandre allait s'en aller elle aussi, une voix grave et assurée raisonna dans la pièce. Lisandre tourna la tête et manqua de lâche un énorme "Oh non !". Le Prince d'Italie, Piccolo, était en voyage en Mélorah et s'était arrêté depuis quelques semaines à Walandriah. Son père, le Roi d'Italie, avait proposé à Grace et Tristan l'union de son fils et de la Princesse. Chose que personne n'approuva. Lisandre détestait Piccolo. Celui-ci, bien qu'il soit très beau, avait un ego sur-dimensionné. Il était "amoureux" de Lisandre dès l'instant où il l'a vue, charmé par sa beauté. Seulement, comme tout le monde le dit, Lise n'est pas belle, mais elle est la plus mignonne des jeunes filles de Walandriah. La plus belle était Erysiane, partageant sa place avec Wendy et ces deux jeunes filles étaient suivies de Grace, la Reine. D'après ce qu'on dit, toutes les Princesses et Reines de Mélorah étaient considérées comme les plus belles femmes du pays. Enfin, les hommes aussi. Terrence faisait beaucoup d'envieuses. Et Roman également.
    Piccolo fixait Lisandre de son regard noir, de façon très... gênante. Il était très envahissant et ne manquait aucune occasion de voir ou parler à la Princesse. Il était accompagné de son plus fidèle serviteur et ami, Lero, qui semblait blasé. Les filles, comme les hommes, lui importait peu. Lisandre ne rougit pas, au contraire, mais leva les yeux au ciel, dégoûtée. Piccolo rêvait d'épouser Lisandre, en priorité pour devenir Roi de Mélorah. Le trône d'Italie est insignifiant, alors que celui de Mélorah est dominateur et convoité par beaucoup d'autres pays. Régner sur Mélorah, c'est régner aussi sur les pays les plus petits aux alentours. Et ça, Piccolo le savait. Son regard restait fixe sur Lisandre qui finit par s'enfuir en courant. Elle connaissait une sorte de passage secret menant aux coures arrières du château. Celle-ci contenait plusieurs jardins, les écuries, un autel de Lullaby, nom que l'on donne à "Dieu" en ce monde ; ainsi que le fameux cimetière de Walandriah. C'était l'un des endroits les plus connus de la région, tout simplement parce-qu'il était immense et avait une particularité : jamais un brin d'herbe ne poussa ici. Aucune fleur, aucun arbre, même les animaux ne s'y rendaient pas. C'est comme si l'endroit lui-même était mort. Et cela, depuis des siècles. Cette terre était plus que sèche. Personne n'a jamais réussi à y faire pousser quoi que ce soit. Lisandre se rendit dans le fameux cimetière. Elle ne connaissait pas grand-monde de mort, excepté sa grand-mère maternelle, la mère de Grace, Lynl et une certaine Serena dont son père lui avait parlé quelques fois. Lisandre s'assit devant leurs tombes posées côte à côté, où elle s'était rarement rendue. Lisandre n'aimait pas spécialement ce genre d'endroit. Et penser aux morts ne servait à rien pour elle. Il valait mieux les laisser reposer en paix et reprendre sa vie comme ils l'auraient voulu. Etre triste ne ramènera pas les défunts. 
    La Princesse se fit songeuse un moment, tandis que le soleil se couchait. Elle observait ce spectacle, dont la couleur lui rappelait les yeux de son père, de son frère et d'elle-même. Elle se releva et s'apprêtait à partir quand elle entendit une voix, très douce mais très mélancolique. Elle se retourna et sursauta quand elle vit une jeune fille, immatérielle, le corps entièrement transparent. Lisandre connaissait l'existence des Fées-Fantômes, qui était l'une des huit natures existantes en Mélorah. Mais elle avait toujours pensé que les Fantômes n'étaient que des mythes, des légendes et des contes. La jeune fille qui se tenait en face d'elle était très belle. Elle avait de courts cheveux d'une étrange couleur (une sorte de violet très pâle), des yeux blancs et vides, et la robe qu'elle portait intrigua Lisandre. Celle-ci ne correspondait pas du tout à son époque, la Princesse en conclut que le Fantôme devait être mort depuis très longtemps. Celui-ci s'inclina.

    -Qui... qui êtes-vous.. ? demanda timidement Lisandre.

    -Je ne suis pas quelqu'un, j'étais quelqu'un, répondit le Fantôme lentement.

    Lisandre ne comprit pas trop la réponse de la défunte mais comme elle était morte, cela lui semblait logique.

    -Mon nom est Leslie, continua-t-elle, je suis le Fantôme et la gardienne de ce cimetière. Je suis la chef des Fées-Fantômes.

    -Oh et bien... Enchantée, répondit la petite adolescente, je suis...

    Leslie la coupa.

    -Lisandre Merphel, Princesse de Mélorah.

    Lisandre ne sut quoi répondre, elle était un peu surprise. Comment ce Fantôme pouvait la connaître ? Peut-être l'observait-elle depuis toujours ? Cette Leslie l'inquiétait, bien qu'elle paraissait inoffensive. Cette dernière s'approcha d'elle.

    -Vous n'avez pas à avoir peur. J'ai veillé sur chaque famille que ce château abrita.

    -Depuis quand êtes-vous là ? demanda Lisandre.

    Leslie ne répondit pas. Elle se contenta de regarder le soleil se coucher. Lisandre vit, l'espace d'un instant, une once de tristesse dans les yeux de la défunte. La Princesse ne posa plus de questions, et quand le silence se fit long, elle se retourna et s'éloigna. Elle regarda derrière elle un instant et s'aperçut que Leslie avait disparu. Et dès qu'elle quitta le cimetière, Lisandre oublia l'existence de la morte.

    CHAPITRE 3 : Un mystère peut-être naturel.. ?

    Par un après-midi assez frais, Terrence et Lisandre se rendèrent à la bibliothèque pour passer du temps avec leur oncle Basil. Celui-ci était une immense source de savoir et un grand livreur d'anecdotes. Il était presque impossible de compter le nombre de livres qu'il possédait, au mieux, il fallait y passer plusieurs journées. Ils étaient tous rangés par rapport à leur sujet : dragons, bêtes légendaires, magie blanche et noire, Histoire du pays, poésie, chant, philosophie, littérature, ... Les romans étaient rangés ailleurs. Lisandre et Terrence adoraient écouter leur oncle et pouvaient passer des heures avec lui, à l'entendre parler de romance, de magie et de légendes incroyables. La Princesse poussa la porte, un sourire aux lèvres.

    -Bonjour mon oncle ! s'exclama-t-elle.

    Basil, assis à son bureau, leva la tête et sourit à sa nièce et son neveu. C'était un homme plutôt mince et frêle, pas très musclé, de quatre ans le cadet de son frère Tristan. Il avait de beaux yeux bleus océan trahissant sa nature de Magicien. Il avait de courts cheveux châtains virant au blond. Dans l'ensemble, il était assez mignon, bien qu'il soit encre célibataire..

    -Bonjour vous deux ! dit-il joyeusement. Qu'est-ce qui vous amène ?

    -Tu devais nous parler des Sirènes aujourd'hui, dit Terrence en entrant dans la pièce, tu as déjà oublié ?

    -Bien sûr que non ! répondit Basil en se levant. 

    Il se dirigea vers une étagère et réfléchit un moment avant de choisir un livre. Sa couverture était couverte d'écailles turquoises s'illuminant au soleil. La peinture d'une sirène brune était reproduite au centre dans un cercle doré. Le titre, "Le Chant des Sirènes", était écrit à l'encre noire. Lisandre et Terrence s'assirent par terre tandis que Basil ouvrit le livre.  Il parla longuement de leur Histoire, leur caractéristiques, leur beauté, leurs chants, ... Les yeux des adolescents s'illuminaient plus à chaque mot du jeune homme. Il paraît que les Sirènes peuvent endormir instantanément les gens rien qu'en chantant.. Leurs écailles seraient magiques.. Basil parla longtemps... Longtemps.. Jusqu'à la tombée de la nuit.

    Le lendemain, quelques membres de la Cour se réunirent devant l'entrée du village. La famille Sable-Blanc, composée de Roman, Catherine et Marco, partait en pèlerinage comme souvent. Pendant leur absence, Grace s'occupait des soldats et Aude des blessés avec l'aide d'autres domestiques.
    Leurs énormes sacs tombaient sur leur dos. Le soleil était en train de se lever, ils partaient toujours à l'aube. Grace s'approcha de son amie, un sourire amical aux lèvres. Elle lui prit les mains.

    -A bientôt, dit-elle.

    -Nous serons de retour dans trois semaines au plus tard ! répondit la blonde. 

    Son mari et son fils saluèrent tout le monde d'un hochement de tête puis commencèrent leur voyage à travers plaines et plateaux. 
    Tout le monde rentra joyeusement. Lisandre ne pouvait s'empêcher de jeter quelques regards derrière elle. Elle rougit en s'apercevant que le jeune blond avait tourné sa tête pour la regarder. Elle posa son regard ailleurs, ricanant légèrement. Bien qu'elle n'y croit pas trop, Lisandre avait déjà entendu Erysiane ou d'autres filles (même des garçons) lui faire remarquer les joues rouges de Roman quand il la regardait. Certains affirmaient que le jeune Sable-Blanc était amoureux. A chaque fois qu'elle entendait une chose pareille, la Princesse levait les yeux au ciel en souriant. L'amour... S'y était-elle déjà intéressé ? Pas vraiment... Peu de garçons tournaient autour d'elle. Elle n'avait que Terrence, Roman et Adrien. L'un était son frère, l'autre n'aimait pas les filles.. Et si les hypothèses étaient fondées ? Lisandre songeait à en parler au blond dès son retour.. Oui, elle devait en avoir le coeur net ! Mais une voix masculine interrompit ses pensées.

    -Ma chère nièce m'a-t-elle seulement écouté ?

    Lisandre sursauta et regarde son oncle, les yeux écarquillés de surprise. Elle était droite comme un piquet. 

    -Ah heu excuse moi ! Oui, je t'écoute, que se passe-t-il ? 

    -Viens avec moi, tu vas m'aider.

    -Bien sûr ! Mais.. t'aider à faire quoi ?

    Le jeune homme ne lui répondit pas et l'empoigna par le bras, la tirant parmi les couloirs du château. L'adolescente ne comprenait pas. Pourquoi son oncle devenait si sérieux d'un coup ? Certes, il l'était souvent, mais pas avec elle. Pour Lisandre, la situation paraissait grave, chaque question qu'elle posait, peu importe son insistance, restait sans réponse. Les deux membres de la même famille entrèrent dans le laboratoire du Magicien et s'assirent à une table. La Princesse interrogea Basil du regard ; mais que lui voulait-il ? Le jeune mage prit une inspiration et regarda sérieusement sa nièce qui avait abandonné toute tentative de le questionner. 

    -Lise, commença Basil, il est temps qu'on en parle vraiment..

    -Mais de quoi parles-tu ?

    L'impatience se faisait sentir dans la voix de la jeune fille. Le jeune homme encra son beau regard bleu dans celui de Lisandre.

    -Tes yeux. Il faut qu'on perce leur mystère.

    La Princesse écarquilla les yeux. Elle savait son oncle franc mais pas à ce point-là. La confusion prit place dans sa tête d'adolescente. En quoi le mystère de ses yeux avait-il une importance capitale ? Elle ne s'en fichait pas totalement mais était-ce réellement nécessaire de perdre son temps sur ce sujet ? Malgré son cerveau embrouillé, elle parvint finalement à construire une phrase, ou plutôt une question.

    -A-Attends.. Qui te dit qu'il y a toute une enquête à faire là-dessus ?

    -Que veux-tu dire ? demanda le Magicien en fronçant les sourcils.

    -Si ça se trouve, c'est tout à fait naturel... C'est juste.. 

    -Une erreur de la nature !!

    Lisandre se retourna d'un coup pour voir qui avait prononcé une chose pareille. Ca ne pouvait être un membre de la Cour.. Mais comment un villageois avait-il pu entrer ? Elle soupira et se retourna, de la tristesse plein les yeux, quand son frère entra, soulevant un petit garçon blond aux yeux dorés, dévoilant sa nature de Magicien-Dragon. 

    -Excuse toi et que ça saute ! s'exclama le jeune homme brun.

    -Non ! cria l'enfant en se débattant.

    La colère déforma les traits du Prince qui jeta brutalement le petit au sol. Sur ce geste, la Princesse se leva.

    -Terrence ! dit-elle. Pas la peine d'être aussi violent !

    -Si ! rétorqua son frère. J'en ai plus qu'assez de ces idiots juges ! Il va s'excuser maintenant ou il sera puni par mes propres moyens, et ce ne sera pas une gifle qu'il recevra !

    -Terrence ! hurla la jeune fille.

    C'en était trop pour elle. Comment son frère adoré pouvait dire de telles atrocités..? Lui qui est d'un naturel calme et d'une grande douceur, il semblait prêt à être très sévère avec le gamin, autant qu'avec un adulte.

    -Il suffit ; laisse-le partir.

    A contrecœur, Terrence releva le sale gosse qui s'enfuit en courant, blanc de peur. Il marmonna quelques jurons tandis que sa soeur reprenait son souffle. Celle-ci le regarda, le regard assombri.

    -Tu ferais mieux d'apprendre à garder ton sang-froid ! dit-elle. Qu'est-ce que tu feras quand tu seras Roi ?

    Suite aux paroles de Lisandre, Terrence releva la tête, toujours en colère.

    -On croirait entendre notre mère ! Pour qui te prends-tu ?! J'essaie de t'aider !

    -Etre violent avec la population n'arrangera pas les choses ! Tu sais ce que nos parents nous ont toujours dit ! "Un souverain sage est plus respecté qu'un souverain fort".

    Le Prince soupira.

    -Tu es une Princesse Lisandre.. Un jour, tu seras Reine. Et ce n'est pas en te comportant comme une guimauve que tu arriveras à régner correctement. 

    -Je ne te permets pas ! J'imposerai ce que bon me semblera et la violence sera bannie du royaume ! 

    -Tu n'es qu'une rêveuse ! Tu veux créer une utopie ? Ne te gêne pas mais essaie de ne pas y passer ta vie.

    En entendant ces répliques blessantes, la Princesse gifla son frère. Basil, lui, n'avait pas pu interrompre leur dispute, à aucun moment. Il était très rare que les deux adolescents se disputent. En fait, ils ne s'étaient jamais énervés pour ce sujet, qu'ils n'avaient pas l'habitude d'aborder. Terrence se retourna rageusement et sortit de la pièce. Lisandre se retourna vers son oncle, les yeux humides et rougis. Le jeune homme la prit dans ses bras afin de la rassurer, tout en caressant ses longs cheveux roses, doux comme de la soie. L'adolescente serra Basil contre elle, imaginant son futur. En vérité, elle ne souhaitait pas être Reine. Elle détestait son statut. Leçons ennuyantes, paroles futiles et courtoisie ridicule.. Cela ne l'intéressait point. Tous les jours de sa vie, elle avait souhaité se libérer de cette prison où elle avait grandi. Heureusement, elle n'y était pas toujours enfermée. Il y avait des jours où elle avait le droit de sortir. Elle en profitait pour chasser avec son frère, jouer avec Aude, Adrien et Erysiane ou bien explorer la forêt avec eux. 
    Au bout de longues minutes d'étreinte, les deux parents se lâchèrent et retournèrent à leur place. Basil attrapa quelques livres et les feuilleta rapidement, tandis que Lisandre le regardait faire. Il s'arrêta et montra une page à sa nièce qui fronça les sourcils. 

    -"Les yeux : particularités et exceptions" ? 

    -On peut peut-être trouver quelque chose d'intéressant.

    Le Mage se leva et se mit à côté de Lisandre qui lut attentivement ce que racontait la page. Elle s'arrêta sur un passage qui parlait des yeux possédant plus de deux couleurs.

    -"Pendant de nombreuses années, cette particularité fut vue comme une anomalie, mais vite prouvée scientifiquement. Les spécialistes prouvèrent à notre monde qu'il était bien possible de posséder trois natures ou plus, mais seulement génétiquement, si l'un des parents possède deux natures et un autre, une seule. D'autres exemples existent. Mais le cas de quatre natures ou plus n'a encore jamais été vu."

    Basil sourit. Il savait bien que sa nièce était normale !

    -Tu vois ! Il faut faire comprendre cela aux autres habitants du village ! Nous devons leur dire que tu es juste particulière !

    Lisandre réfléchit. Elle voulait être d'accord avec le jeune homme, mais elle ne pouvait pas, et la raison lui échappa. Si les yeux tricolores n'étaient plus considérés comme étrange depuis un moment, tout le monde devrait le savoir ! Elle poussa un petit soupir. Les gens sont vraiment ignorants de nos jours... 

    -Je vais tout de suite en parler à tes parents !

    Joignant l'acte à la parole, le Mage sortit de la pièce en trottinant, fou de joie d'avoir appris une si bonne nouvelle. Lisandre, elle, restait hésitante. Etait-elle seulement "particulière" ? N'y avait-il pas une autre raison, plus ou moins importante ? Lisandre restait sceptique, cette histoire de génétique ne la convainc pas. Mais son oncle semblait si enjoué qu'elle préféra garder ses suspicions pour elle-même. Il ne servait à rien de dramatiser ou d'en rajouter une couche. Elle était déjà bien occupée.

     

     CHAPITRE 4 : Une étrange rencontre...

    Ce jour-là, Lisandre avait passé plus de la moitié de la journée à travailler dans sa chambre. Vers la fin de l'après-midi, aux alentours de cinq heures, de petits et timides frappements sur sa porte la tirèrent de son travail. Elle reconnut parfaitement cette façon de frapper. 

    -Entre Aude ! dit la Princesse.

    La jeune servante fit son apparition dans la salle. Lisandre la regarda en souriant. C'était une très jolie fille dont les cheveux presque noirs et légèrement ondulés lui arrivaient aux épaules et encadraient son adorable visage. Ses yeux noisettes faisaient fondre n'importe qui et son petit nez retroussé était la cerise sur le gâteau. Lisandre trouvait Aude vraiment jolie, bien qu'elle n'arrive pas à la cheville d'Erysiane. Mais elle, c'était une autre histoire.. Erysiane, elle, était une femme fatale, avec des courbes prononcées et élégantes, des yeux noirs envoûtants et une cascade de boucles d'un blond décoloré impressionnante. Elle avait un visage fin, de belles lèvres roses qui donnaient envie, et un regard unique. 
    Côté caractère, Aude était très timide. Pas vraiment objective, plutôt réservée et silencieuse. Mais sa grande qualité était d'être toujours heureuse. Ses sourires matinaux illuminaient son visage, sa bonne humeur contagieuse était aux rendez-vous tous les matins et son talent pour le violon faisaient beaucoup d'envieux. Car Valérica avait enseigné cet instrument à Aude, qui lui allait à merveille. Surtout qu'elle était un réel prodige. L'écouter était un véritable plaisir. 

    La servante habillée de bleu s'avança dans la pièce en souriant.

    -Adrien et Erysiane proposent d'aller construire une cabane dans la forêt. Veux-tu venir ?

    Un grand sourire s'étira sur les lèvres de la Princesse. Elle sauta de sa chaise et alla chercher un sac.

    -Bien sûr que je viens ! Je dois emmener quelque chose ?

    Aude hésita et réfléchit.

    -Hum.. Adrien ne m'a pas dit quoi que ce soit à propos de ça.. Mais j'ai emmené des gâteaux !

    Lisandre sourit encore plus. Les gâteaux de Aude étaient les meilleurs du royaume. Elle n'en avait jamais goûté d'aussi bons. Tout le monde aimaient ses pâtisseries, y compris ses fameux cookies au chocolat dont raffolaient Adrien et Erysiane (et à peu près tout le monde en fait). Lisandre se retint de sauter de joie. Cela faisait un moment qu'elle n'était pas sortie avec ses amies et elle était plus qu'impatiente. Surtout qu'elle avait toujours rêvé d'avoir une petite cabane quelque part. Elle était aux anges. Aude reprit.

    -Adrien s'occupe des matériaux mais tu pourras l'aider, par exemple. Erysiane s'occupe des outils. 

    -Terrence ne vient pas ? demanda la Princesse.

    -Je n'ai pas pu lui demander, il est en réunion. Et à mon avis, elle va durer encore un moment..

    Lisandre baissa la tête, un peu déçue. Elle adorait son frère et savoir qu'il ne viendrait pas la dérangeait un peu, lui qui était toujours à ses côtés. Surtout que Roman aussi était absent.. Mais à cette pensée, elle rit.

    -Adrien va se retrouver seul !

    Aude rit à son tour.

    -Ah oui, tu as raison !

    Les deux amies éclatèrent de rire et sortirent de la pièce pour aller rejoindre les deux jeunes adultes qui attendaient déjà devant la porte du château, de lourds sacs à la main. Erysiane fronça un peu des sourcils, retroussant son joli nez.

    -Vous en avez mis du temps ! C'est lourd ces trucs !

    Aude rit légèrement puis tira timidement la langue.

    -Désolée ! Allez, on y va !

    Adrien renifla l'air et ses yeux commencèrent à pétiller. 

    -Eh, mais c'est des cookies que je sens !

    Aude rougit, toujours aussi sensible au charme du garçon.

    -Hum.. Oui, j'en ai préparé quelques uns.. et..

    Adrien la coupa, son immense et adorable sourire se dessinant sur son visage.

    -Génial ! Tu es vraiment super, Aude !

    La petite brune devint écarlate, ce qui fit rire les deux jeunes filles. Adrien se retourna et se mit en marche avec motivation.

    -Allez ! En route, mesdemoiselles !

    Et les trois filles le suivirent à travers le village. Erysiane ne prêta pas attention aux regards jaloux ou admiratifs des jeunes villageoises et à ceux amoureux et envieux des garçons. Lisandre elle aussi enviait la belle, elle aurait aimé être comme elle, aimée et admirée par tous. Les regards sur Erysiane se transformaient en se posant sur elle, devenant méfiants ou hautains. Lisandre baissa les yeux. Aude lança un de ses rares regards noirs aux villageois et passa un bras derrière le dos de Lisandre pour poser sa main sur son bras et l'attirer légèrement contre elle, comme pour la protéger. Elle approche ses lèvres pâles près de l'oreille de la Princesse et chuchota.

    -Ne les regarde pas. Ils n'en valent pas la peine.

    Lisandre acquiesça et baissa la tête, continuant de marcher, la mine triste. Adrien tourna la tête vers la petite adolescente et remarqua son air affligé. Il sourit et lança à voix haute, criant presque.

    -C'est qui la meilleure ?

    Erysiane et Aude relevèrent la tête et sourient à leur tour, scandant en coeur.

    -C'est Lisandre !

    Lisandre sourit, une petite larme de joie perlant au coin de son oeil bicolore. Ses trois amis continuèrent de balancer la même question-réponse à travers le village, sous les yeux blasés des passants. Ils s'en fichaient, ils étaient libres et heureux. 


    Quelques heures plus tard, la cabane était presque prête. Les quatre jeunes étaient affalés autour d'un arbre dans la forêt, à côté de leur construction assez grande pour les accueillir eux et les deux autres pièces masculines de la bande. Ils riaient, Adrien et Erysiane partageant une bouteille d'alcool (de la bière sans doute), Aude et Lisandre préférant de la simple eau. 
    Alors qu'Adrien et Aude étaient assoupis et qu'Erysiane s'était un peu éloignée pour allumer une cigarette, Lisandre entendit un bruit au loin, semblable à un gros craquement de branches. Erysiane était partie dans la direction opposée, était-ce un animal ? Dans ce cas, vu le bruit, un sanglier ou un ours.. Une goutte de sueur froide coula le long de la joue de la Princesse. Elle était une bonne chasseuse et avait déjà affronté des oiseaux, des petites bêtes mais son frère lui avait toujours dit de se méfier des grosses pièces plus dangereuses, comme justement les sangliers et les ours, mais aussi les loups, excepté les loups mélorhiens, bien qu'ils soient rares. La Princesse commença à s'éloigner, puis perdit finalement ses amis et la cabane de vue. Elle hésita à faire demi-tour pour les retrouver mais les bruits se rapprochaient et Lisandre était de nature très curieuse. Alors qu'elle s'enfonçait toujours plus dans la forêt, elle entendit quelque chose, comme si un objet ou une personne était tombé par terre. Elle s'approcha très prudemment de la source de ces sons peu rassurants et se sentit soulagée en voyant une personne, sans doute de son âge vu sa petite taille, recouverte d'une longue cape noire bleutée, affalée par terre. Elle s'en approcha.

    -Je.. Je peux vous aider ? dit-elle.

    L'inconnu(e) émit un petit son de surprise avant de se relever d'un coup et d'aller se cacher derrière un arbre, le corps tremblant. Lisandre leva un sourcil, pourquoi une telle réaction ? 

    -Ne.. ne m'approchez pas.., commença l'apeuré(e), qui êtes-vous.. ?

    -Vous d'abord. Vous n'êtes pas d'ici ?

    La personne encapuchonnée sortit un peu de sa cachette. Lisandre ne put voir son son visage, celui-ci étant caché. Cependant, sa voix aigüe et claire indiquait qu'il s'agissant d'une jeune fille. 

    -Non.. Je..

    -Calmez-vous et dites-moi votre nom. Je ne vous ferai pas de mal, promis.

    La petite Princesse paraissait rassurante, son timbre de voix était doux. La jeune fille en face d'elle se détendit un peu.

    -Je m'appelle Lisey. Je suis la Princesse d'un royaume secret.

    -Un royaume ? Secret ? Une Princesse ? Ca alors !

    -Pardon ? demanda la soi-disante Princesse qui avait désormais un prénom.

    Lisandre sourit.

    -Je suis moi-même une Princesse ! Celle de ce royaume !

    Les lèvres de Lisey s'entrouvrirent légèrement de surprise.

    -Mais alors.. vous êtes..

    -Lisandre, dit-elle en s'inclinant, seconde héritière du trône de Mélorah !

    Sa voix était désormais fière, tout comme son sourire. Et alors qu'elle se redressait, Lisey se jeta vers elle, prenant ses mains dans les siennes, sa capuche tombant en arrière au passage. Lisandre put voir le visage de la Princesse, qu'elle trouva ravissant. Lisey avait de beaux yeux marrons dans lesquels brillaient une étrange lueur et de longs cheveux bouclés et bruns tombant en cascade sur ses épaules. Quelques mèches étaient gracieusement coincées derrière ses oreilles légèrement pointues (bien que ses yeux ne soient pas verts) où étaient accrochées de magnifiques petites boucles d'oreilles en verre, ressemblant à du cristal. Sa peau était plutôt pâle, mais ses petites lèvres roses la rendait adorable, tout comme son minuscule nez tout rond. Sa bouche entrouverte, Lisandre put apercevoir de petites canines, pourtant la jeune fille ne possédaient d'yeux rouges..
    Elle fut surprise de la réaction de Lisey. Cette dernière la regardait avec curiosité et, bizarrement, elle y vit une pointe de soulagement. 

    -Alors c'est bien toi Lise !

    L'esprit de Lisandre s'embrouilla, seuls ses proches l'appelaient par son surnom, or elle n'avait jamais vu cette fille. Sous son regard ébahi, Lisey la prit dans ses bras en riant.

    -Je t'ai enfin trouvée ! Je suis tellement heureuse de te voir enfin !!

    Agacée de ne rien comprendre et du comportement de la brune, Lisandre posa ses mains sur les épaules de Lisey et la poussa doucement mais fermement. Elle la regarda avec un regard quelque peu sévère, ses sourcils légèrement froncés.

    -Ecoutez, je ne sais pas qui vous êtes mais je ne crois pas vous connaître.

    Son interlocutrice se calma et se racla gorge, s'éloignant de Lisandre. 

    -Hum.. tu as raison, je te dois des explications. 

    Elle scruta les yeux de la jeune fille aux cheveux roses et plissa un peu le regard, comme si elle se rappelait de quelque chose. 

    -Tes yeux me prouvent bien que tu es la personne que je recherche.. Laisse moi t'éclairer sur ce sujet.

    Lisandre s'assit par terre, prête à écouter Lisey qui l'imita, s'asseyant en face d'elle, l'air sérieux.

    -Bon, pour commencer.. Je suis.. ta "cousine éloignée".

    Elle vit la surprise s'installer dans le regard de la Princesse. Celle-ci allait répliquer mais la brune l'en empêcha en la coupant.

    -Je sais, c'est difficile à croire, mais je t'assure que nous avons d'infimes liens de parenté. 

    Lisandre n'y croyait pas. Comment pouvait-elle avoir une cousine éloignée ? Ses parents n'étaient pas au courant ? 

    -Ecoute, laisse-moi parler jusqu'au bout et tu pourras poser autant de questions que tu veux à la fin. Je te préviens, c'est une histoire plutôt compliquée et.. tu n'y croiras peut-être pas au début..

    La Princesse hocha la tête, tandis que Lisey prit une inspiration.

    -Je viens, comme je te l'ai dit, d'un royaume secret appelé Levalall. C'est un immense pays dont je suis la Princesse. Mais.. Une guerre approche, contre notre plus grand ennemi, le royaume de Leganall. Et nous avons besoin de toi ! Tu es la seule à pouvoir reprendre mon trône ! Tes yeux le prouvent. Bientôt, tu seras comme moi !

    Sur ces mots, elle porta ses mains à ses yeux et retira ses lentilles de contact marrons. Lisandre crut halluciner quand elle vit que les yeux de Lisey étaient.. comment dire.. multicolores. Ses pupilles étaient coupées en part qui possédaient chacune une couleur. Bleu, rose, orange, vert, noir, gris, rouge et jaune. Les huit couleurs ; les huit natures. Mage, Fée, Devin et Prêtre, Elfe, humain, Fée-Fantôme, Vampire et Mage-Dragon. La jeune Princesse ne comprenait pas.. Il était impossible de posséder toutes la natures existantes. Mais.. et si ses yeux de trois couleurs n'étaient qu'un début ? Deviendrait-elle vraiment "comme Lisey" ? Non.. Les gens la regarderait avec des regards de dégoût, d'horreur.. Elle ne pourrait pas le supporter ! Des centaines de questions se bousculaient dans sa tête. Mais la plus probable était : pourquoi ? Pourquoi elle ? Elle secoua légèrement la tête et regarda son interlocutrice.

    -Attends ! Pourquoi devrais-je être à la tête de ton royaume ? Vous n'avez pas besoin de moi pour faire la guerre ! Pourquoi tu ne t'en occupe pas ?

    -Je ne peux pas te le dire.., répondit Lisey en baissant tristement la tête.

    -Je suis désolée, dit Lisandre en croisant les bras, je ne peux pas accepter une telle chose sans raison valable.

    -Mais Lise ! C'est..

    -Dis-moi pourquoi. Et d'ailleurs, pourquoi devrais-je te croire ? Juste parce que tu possèdes les huit natures de Mélorah ?

    Fronçant les sourcils, Lisey tendit sa main où Lisandre vit une chevalière dorée où étaient inscrits un étrange emblème et les huit couleurs. 

    -C'est le symbole de mon royaume. 

    L'adolescente observa le bijou encore un moment puis releva la tête vers sa propriétaire. Son regard semblait suppliant.. Lisandre soupira. Pourquoi mentirait-elle ? Comment pouvait-on inventer un aussi gros mensonge. La Princesse devait se rendre à l'évidence. Ce bleu, cet orange et ce brun dans ses yeux.. Ils étaient les mêmes que les siens. Un bleu pareil à celui du ciel, un orange crépusculaire et un brun simple mais intense. 

    -Je ne peux pas accepter comme ça.., dit-elle enfin. Nous devrions en parler avec mes parents.

    -Bien sûr, répondit Lisey en hochant la tête. Encore une chose : j'aimerai que, pour l'instant, mon identité soit gardée secrète. Si quelqu'un te demande qui je suis, dis-leur que je suis simplement ta cousine venue de l'autre bout de Mélorah. Je ne tiens pas à ce qu'on fourre le nez dans les affaires de mon royaume. Ca risque d'engendrer des problèmes.

    Lisandre acquiesça et se releva. Elle réfléchissait, jusqu'à en avoir mal au crâne. Des voix la firent sortir de sa torpeur.

    -Lisandre ! Tu es enfin là ! cria Erysiane.

    -On t'a cherchée partout ! ajouta Adrien en prenant d'un coup la jeune fille dans ses bras.

    -Tu nous as fait peur.., finit Aude.

    Lisandre se retint de rire. Adrien la serrait trop fort, Aude était verte de jalousie malgré elle et Erysiane la regardait sévèrement. Elle s'écarta et les observa en souriant.

    -Tout va bien, j'ai simplement voulu faire un tour et..

    -C'est qui ? la coupa Adrien en pointant Lisey du doigt avec un regard curieux.

    La Princesse se tourna vers sa cousine qui recula d'un petit pas, intimidée. Elle lui sourit et lui tendit une main qu'elle accepta.

    -Je vous présente Lisey. Elle vient de l'autre bout de Mélorah et.. je viens d'apprendre qu'il s'agit de ma cousine éloignée.

    Lisandre vit les trois regards interloqués sur elle et Lisey. Adrien s'approcha de cette dernière et la prit dans ses bras, la soulevant.

    -Je suis tellement heureux de te rencontrer ! Vraiment ! Je suis ravi ! Je m'appelle Adrien, le garde du corps de Lisandre.

    L'interpellée rit, tandis que sa cousine devenait rose crevette suite au geste familier et amical du brun. Celui-ci et la reposa et sa main fut vite serrer affectueusement par Erysiane qui souriait.

    -Enchantée de te rencontrer, dit la belle, je suis Erysiane.

    -Hum.. Enchantée également, répondit timidement la petite brune. 

    Les deux doyens de la bande s'écartèrent et Aude s'avança vers Lisey puis s'inclina légèrement devant elle. Lisey l'imita, un petit sourire poli aux lèvres.

    -Aude Silbery, ravie de te connaître.

    -Moi également.

    Les deux allaient peut-être très bien s'entendre, pensa Lisandre en voyant les deux jeunes filles en aussi bons termes. Adrien était plus grosse guimauve que poli et courtois. Il adorait les câlins et Lisandre était sa petite protégée depuis qu'ils se connaissaient. Erysiane était sa meilleure amie et il adorait Aude aussi, bien qu'il ne connaisse pas les sentiments de la servante. Les cinq adolescents discutèrent un peu ensemble et firent visiter la capitale à Lisey. Elle trouva la ville magnifique. Il est vrai que Walandriah était considérée comme l'une des plus belles cités au monde. Avec son château au toit de verre, sa cathédrale aux cloches d'or, son conservatoire éblouissant, sa taverne iconique et son style médiéval ravissant, la curiosité attirait bon nombre de touristes chaque année. Y compris durant les festivals : le Bal de Noël, le Festival des Etoiles, la Fête Florale, ... C'était une ville pleine de charmes et de vie (si l'on oublie le cimetière tristement célèbre) que de personnes n'appréciait pas. 
    Quand ils se rendirent compte que le soleil se couchait, le petit groupe rentra chez eux. Lisandre, Lisey et Aude retournèrent au château. Aude devait préparer le repas de ce soir avec l'aide de Brutus, le chef cuisinier et Lisandre devait présenter Lisey à ses parents et lui donner une chambre pour séjourner. La Princesse aux cheveux roses se demandait quelle réaction pourrait bien avoir ses parents en apprenant que leur fille avait une cousine. Ils seraient sûrement heureux, de la famille en plus, c'est toujours bon à savoir ! 


    CHAPITRE 5 :

    Lisey avait connaissance avec Grace et Tristan qui ont été très surpris de l'existence de la cousine éloignée de leur fille. Basil n'avait pas d'enfant et Grace n'avait aucun parent proche autre que ses parents. Mais ils avaient beaucoup apprécié la jeune fille qui se montrait très enjouée de découvrir ce fabuleux royaume. 

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     


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